Un peu de … « Alt + supprimer »
En vain, j’essaie de réduire l’espace de mon disque dur
Je ne sais d’où viennent tous ces nouveaux fichiers
Tout ce que j’accumule maintenant n’est à mes yeux,
Que nouvelles douces tortures .. ajoutées aux anciennes
Des tortures de musique dont j’aurais espéré être le compositeur
Des tortures de dessins dont j’aurais rêvé, enfant, être le peintre
Des versions numériques de livres et de romans
Que je poursuis en lisant leurs lignes comme si j’en étais le copiste et l’auteur depuis des années
Alors que ce ne sont que des textes revenus à moi, aujourd’hui
Pour que j’y recharge mon énergie
Et mes forces épuisées,
Par la recherche honteuse, d’un quelconque succès
Que j’ajouterais aux autres en pinçant les lèvres
Alt .. « Supprimer »
Comme c’est dur
Quand on pense à son effet magique
Les fichiers disparaissent
Et je suis convaincu
Qu’ils ne reviendront pas.
Même avec les programmes de récupération les plus forts
Ils ne reviennent pas en entier
Et souvent, s’ils reviennent, ils renferment la pourriture dans leur plis
Comme l’honneur d’une vierge
Le goût des premières fois demeure
Dure est la vérité … La voix de Camélia Joubrane, en fond sonore, me parvient avec un les nouvelles enceintes que j’ai longtemps désirées. Comme j’ai toujours désiré que la basse fasse trembler les murs de ma chambre, faisant bouger les bouts des affiches de Michael Jackson, que j’aurais aimé avoir. Ce jour là, je suis sorti, avec dans les bras un carton, porté par une joie indescriptible, volant, naviguant sur les sons d’une musique douce, qui, je le sais, allait se reverser sur mon âme.
J’ai fait la fête ce jour-là à ma manière. Je me suis mis complètement nu, je me suis allongé sur mon canapé, dont je déteste la couleur. Cette couleur qui persiste et s’infiltre dans ma vie à travers des objets insignifiants, comme le canapé, le tapis …
J’ai allumé une cigarette et j’ai attendu les vagues de la musique, comme un malade tendant son bras à une perfusion de glucose, attendant le moment de rafraîchissement, d’éveil de son état de basse tension.
Je n’arrive pas à comprendre cet alliage étrange entre la nudité et la musique. Je ressens ce frisson seulement quand je remue un verre de vin rouge… Je le touche du bout de ma langue, découvrant son goût qui vient toujours me rappeler l’origine et la réalité de la femme. Même matière brute, mais un comportement et une âme complètement différents. Même si tous les deux, partagent mon affection, ma passion, ma fidélité et ma sincère sacralisation.
Bref, j’aime la musique, nu !
Je ne peux l’expliquer, mais je continuerai à agir ainsi, espérant que la mort me trouvera dans cet état.
Alors je serai prêt sans préparation… Je ressusciterai avec ma musique dans les oreilles … Et je suis sûr qu’alors la solitude ne m’atteindra pas..